La volonté de puissance
:
mythe et réalité

 

 

 



Publier les notes posthumes d'un auteur a toujours été un cas de conscience : s'il peut être très intéressant d'entrer dans ce laboratoire de la pensée, pour assister à l'élaboration et à l'agencement des concepts d'un écrivain aussi fécond que le fut Friedrich Nietzsche, il faut aussi garder à l'esprit qu'il ne s'agit que de notes préparatoires - et non pas d'une oeuvre. Quoi qu'il en soit, lorsque la soeur du philosophe décida de publier ces fragments posthumes sous le titre de La volonté de puissance, elle ne fut aucunement gênée par ce cas de conscience. Bien au contraire.
Cette édition abusive est une entrave à la réception authentique de l'oeuvre de Nietzsche ; et son impact sur les études consacrées à Nietzsche fut, et continue à être, très néfaste. C'est pour cela qu'il est important d'exposer clairement l'invalidité de ce livre.

 



Le projet et son évolution



C'est entre 1887 et 1888 1 que Nietzsche projeta sérieusement d'écrire un ouvrage synthétique de grande envergure : La volonté de puissance. Dans quelques lettres adressées à son ami Peter Gast, il fait mention de ce travail important : « Enfin, je ne vous tairai pas que toute cette période a été pour moi riche en vues synthétiques et en illuminations ; qu'a commencé à renaître mon courage d'entreprendre "l'impossible", et d'exprimer jusque dans ses dernières conséquences la sensibilité qui me distingue. » (6 janvier 1888) ; il fait part de son élaboration : « J'ai terminé la première mise au net de mon "Essai d'une inversion des valeurs" » (13 février) ; et en suggère à quel point ses vérités seront dérangeantes : « Maintenant commence le "règne" de Stöcker : - j'en tire les conséquences, et je sais déjà que ma "Volonté de puissance" sera en premier lieu saisie en Allemagne » (20 Juin).
Dans ses notes posthumes, nous pouvons voir que le dernier plan du projet 2, qui correspond avec la numérotation de 374 fragments constituant le livre, est titré et daté de la main de Nietzsche :

Ebauche du
plan de :
La volonté de puissance.
Essai
d'une inversion de toutes les valeurs.

- Sils Maria
- Le dernier dimanche
- du mois d'août 1888


Soit : le 26 août. Or, son "effondrement" aura lieu en janvier 1889 - plus de quatre mois après. Pourquoi avoir délaissé ce projet durant 4 mois ? La raison en est simple : c'est parce qu'il s'éloigne progressivement, jusqu'à l'abandonner définitivement, du projet de cette grande oeuvre. C'est ainsi que sa fameuse diatribe L'Antéchrist est tout d'abord désignée comme constituant seulement le « premier livre » de l'Inversion de toutes les valeurs 3 ; et ensuite, comme constituant l'Inversion toute entière 4 . Finalement, il ne gardera pour sous-titre à cet Antéchrist qu'un modeste « Imprécation contre le christianisme » (Fluch auf das Christentum) 5 . Une importante partie des fragments conservés initialement à l'intention de sa Volonté de puissance serviront ainsi à la composition du Crépuscule des idoles et de L'Antéchrist.

 



Elisabeth : présentation



S'il y avait une femme avec laquelle Nietzsche possédait une véritable affinité - philosophique et affective -, il s'agissait bien de Lou von Salomé 6 :

Pour moi personnellement, c'est un véritable bonheur d'avoir rencontré Lou, elle a rempli toutes mes espérances ; il n'est guère possible que deux humains puissent être plus parents l'un de l'autre que nous sommes.

En revanche, il dit à propos d'Elisabeth 7 :

Comment pouvons-nous tous deux être parents, c'est un problème sur lequel j'ai souvent réfléchi.


En effet, dès sa première rencontre avec Lou, en juillet 1882, Elisabeth se mit à la détester. Elle fera ensuite tout son possible pour gâcher la passion qui liait ces deux êtres, n'hésitant pas à inventer des mensonges pour discréditer Lou aux yeux de Friedrich 8 . C'est là chez elle un penchant qui aura tout le loisir de s'exprimer par la suite...
Elisabeth était l'épouse de Bernard Förster, nationaliste, idéologue pangermaniste et célèbre antisémite. Inutile d'expliquer pourquoi l'atmosphère était pour le moins orageuse entre ce couple et le philosophe anti-antisémite. Avec lui, elle part au Paraguay pour fonder une colonie composée d' «Aryens purs». Après l'échec de cette entreprise (et le suicide de son mari), elle rentrera en Allemagne,successivement en 1890 et 1893, pour "s'occuper" des publications des ouvrages de Nietzsche. En 1918, Elisabeth adhère au Parti national populaire allemand.

 



L'entreprise de falsification


« Des gens comme ma soeur sont inévitablement
des adversaires irréconciliables de ma manière
de penser et de ma philosophie. Ceci est basé
sur la nature éternelle des choses. » 9

Après l'échec de son expédition coloniale, Elisabeth s'est trouvée un nouveau passe-temps : le 20 mai 1897, les Nietzsche-Archiv de Weimar (fondées par elle-même) sont inaugurées.
Mais, bizarrement, certains documents ne sont pas jugés aptes à la publication. Par exemple, dans une lettre (de Noël 1988) adressée à Franz Overbeck, ce passage compromettant a été écarté par les soins des "archives" de l'époque :

J'ose à peine ajouter qu'au Paraguay, les choses vont aussi mal que possible. Les allemands que l'on y a attirés sont furieux, réclament leur argent - on n'en a pas. Il y a déjà eu des voies de fait. Je crains le pire. - Cela n'empêche nullement ma soeur de m'écrire pour le 15 Octobre avec ses pires sarcasmes, que je me décide enfin à devenir "célèbre". C'est assurément, ajoute-t-elle, une belle chose, mais quelle racaille j'ai été me choisir! Des Juifs qui ont mangé à tous les râteliers, comme Georg Brandes... Et elle m'appelle encore "Fritz de mon coeur" !... Cela dure depuis sept ans!


Cette censure dans la publication de la correspondance privée de Nietzsche est de grande ampleur : parce qu'elle contredit souvent la reconstitution biographique officielle des Nietzsche-Archiv. Ainsi, Karl Schlechta nous fait part 10 de l'existence d' «
une trentaine de lettres de Nietzsche à sa soeur, qui désavouaient tous les adversaires déclarés et inspiraient à Mme Förster - in litteris et in moralibus - une confiance incompréhensible. ». Il ajoute :

Mais les lettres elles-mêmes avaient d'autres destinataires, par exemple la mère de Nietzsche ou Malwida de Meysenbug. La soeur s'était procuré les originaux, avait arrangé le texte en partie d'après ces originaux, en partie d'après les esquisses figurant dans les carnets de travail, finalement elle avait détruit les originaux même. Les esquisses existent encore, mais par des grattages, des tâches d'encre habilement réparties, parfois aussi des collages, elle a éliminé les passages les plus dangereux. Le peu de soin apporté à ce travail a permis de découvrir la manigance.

Ce sont ces prétendues lettres qui ont permis à Elisabeth, comme caution morale, de fabriquer La Volonté de puissance. Car, une fois mort, Nietzsche était en vogue - et la soeur regrettait l'absence d'un ouvrage systématique, permettant de "connaître Nietzsche" plus rapidement. Pour combler ce manque, la solution était simple : il suffisait d'en inventer un. C'est ce qu'elle fit. Et c'est avec ces lettres falsifiées que la soeur de Nietzsche pu "légitimer" son entreprise.
Paru alors, en 1901, le livre commenté et préfacé par Elisabeth Förster-Nietzsche de telle manière qu'elle en fera le porte-parole de ses opinions politiques d'extrême-droite. Elle nous fait part de son émotion avec lyrisme, et se plaint même de ce que Nietzsche n'ai pas « pu » achever son oeuvre :
« Combien il nous est douloureux, après les perspectives ouvertes par Nietzsche, de livrer, tel qu'il est, le présent ouvrage à la publicité ! » 11 . C'est une époque noire pour le philosophe apatride.
En revanche, pour Elisabeth Förster, c'est une époque formidable : son frère sera adulé par les esprits brutaux et antisémites, servira de caution intellectuelle au nazisme. Et, lorsque Hitler, en compagnie de son architecte Albert Speer, fait l'honneur d'une visite à la soeur de Nietzsche, il lui promet de faire bâtir un monument commémoratif à la gloire du philosophe. C'est l'apogée : elle en pleure de joie.

 

Les Nietzsche-Archiv de Weimar

 



Les tares de La volonté de puissance



Elisabeth n'adopta pas le dernier plan (du 26 août 1888) que Nietzsche fit de La Volonté de puissance. Elle a opté pour celui élaboré le 17 mars 1887, ce qui est une aberration tentant de masquer le fait que les notes du projet de La volonté de puissance étaient irrémédiablement destinées par Nietzsche à constituer L'Antéchrist et le Crépuscule des idoles. Parut alors le livre, sélection d'aphorismes ordonnés, remaniés et commentés de telle manière que l'on puisse détourner son oeuvre à loisir, ouvrant ainsi la porte à une vague de commentateurs nazis qui, tel Baümler, détournent la philosophie de Nietzsche pour la plier à l'idéologie du national-socialisme.

L'ouvrage d'Elisabeth comprendra en tout 483 aphorismes et ne correspondra nullement au plan élaboré par Nietzsche 12 - plan qui ne sera jamais publié par les Nietzsche-Archiv. Non seulement Elisabeth insère arbitrairement des fragments posthumes qui n'étaient nullement destinés à ce projet ; mais de plus, sur les 374 fragments que Nietzsche avait ordonnés en vue de la Volonté de puissance, elle en écarte 104. Et sur les 270 fragments légitimes ayant subsisté à la sélection arbitraire, 137 se révèlent être inexacts : lacunes, inexactitudes, ou leçons erronées 13 . Ainsi, une note posthume, rédigée en 1887-1888 14 , sera fragmenté - sans aucun souci pour sa continuité dissertative - en 3 aphorismes épars : §199-208-338. Dans une édition postérieure 15, que l'on peut qualifier "de référence" (elle fut utilisée par les plus éminents interprètes de Nietzsche : Martin Heidegger, Karl Jaspers, Charles Andler...), ce même fragment est disséminé en 16 aphorismes différents. Inutile de préciser que ce genre de troncatures crée de considérables contresens vis à vis du texte initial. De plus, ces notes posthumes ont été compilées sans qu'aucun souci ne soit accordé à la chronologie de leur rédaction (et nous savons à quel point l'évolution de la pensée de Nietzsche est un élément à ne pas négliger pour le comprendre) : on y retrouve pêle-mêle des notes des années 1870 à 1888, emmêlant ainsi allègrement les considérations de sa période métaphysique avec celles de sa période antimétaphysique !
D'autres fragments sont l'objet d'une "refonte" - s'unifiant comme par magie en un seul aphorisme ; ce qui une fois de plus provoque d'importantes confusions (comme, par exemple, ce fût le cas chez Gilles Deleuze 16 ). Dans cet assemblage de sentences plus ou moins nietzschéennes, réside ainsi de nombreuses erreurs dues à un mauvais déchiffrage des manuscrits ; par exemple, le §491 17 de l'édition "de référence" de La Volonté de puissance où le mot « Apories » (Aporien) est remplacé par « Agonies » (Agonien). Autre genre d'erreur tout aussi nuisible : les nombreuses citations et notes de lecture présentées comme étant des aphorismes de Nietzsche lui-même. Ainsi, le §105 n'offrira pas au lecteur une réflexion de Nietzsche mais sera utile à celui qui désire disposer d'un résumé du livre Ma religion de Tolstoï (dont Nietzsche ne partageait assurément pas les opinions) 18 . Dans l'édition de 1911 de La Volonté de puissance, le fragment publié au § 352 est tout simplement une citation d'un livre de Julius Wellhausen, historien et exégète orientaliste 19 .
Bien que ces nombreux défauts aient été identifiés (et corrigés lors de la publication des fragments posthumes) depuis plusieurs décennies, aucune des nouvelles éditions de La volonté de puissance n'en a tenu compte. Cette série d'infidélités au texte ayant déjà induit en erreur grand nombre d'interprètes de Nietzsche 20 , il est nécessaire, pour ne plus tomber à chaque fois dans les mêmes erreurs, de clairement qualifier cet ouvrage de falsification historique. D'autant plus que lire La volonté de puissance ne peut que donner de fausses idées sur ce qu'est sa véritable philosophie : les papiers posthumes sont ici utilisés - manipulés - de manière à lui conférer un aspect faussement achevé, excessivement autoritaire et sans nuances (c.a.d. tel qu'on en avait besoin à l'époque : pour élever des moutons idéologues). Ce livre est néfaste á la compréhension de ce que Nietzsche voulait dire.

 



Réparer Nietzsche



Contre ce détournement idéologique, de grands lecteurs de Nietzsche tentent d'établir la vérité, étudiant minutieusement les manuscrits pour les authentifier (ou les rejeter), rassemblant patiemment les preuves des falsifications. Dès 1907, ceux-là même qui avaient réalisé la compilation, les frères Horneffer, critiquèrent la fable de l'existence de La volonté de puissance. Effort inutile, puisque 30 ans plus tard, il faudra à nouveau prouver l'évidence.
Le 7 août 1937, Schlechta et Hoppe présentent au Comité scientifique de l'édition historico-critique des oeuvres et de la correspondance de Nietzsche les conclusions de leur enquête sur la légitimité des éditions des livres de Nietzsche. Les preuves sont irréfutables : c'est une véritable entreprise de falsification que dirigea Elisabeth avec ses Nietzsche-Archiv. L'ouvrage est définitivement classé comme faux. Mais cette étude n'aura guè de retentissement : les maisons d'édition n'ayant rien à y gagner sur le plan financier, on continuera à lire et publier La volonté de puissance...

Giorgio Colli
éditions de l'éclat)

Aujourd'hui, nous possédons grâce à l'initiative de deux italiens - Giorgio Colli et Mazzino Montinari - une édition complète et fidèle aux textes manuscrits, des oeuvres écrites de Friedrich Nietzsche. Ecce Homo et L'Antéchrist (si l'on excepte les pages définitivement perdues car détruites par Mme Förster) sont désormais accessibles dans leur version originelle, telle que Nietzsche les avait destinés à la publication : c'est à dire non-expurgée par les Nietzsche-Archiv. Dans l'édition des Oeuvres philosophiques complètes, les inédits posthumes, plus ou moins présents dans La Volonté de puissance, sont intégralement retranscrits, le plus fidèlement possible, et surtout : dans leur ordre chronologique.

Ce furent ainsi de multiples personnes qui, refusant de consentir à une falsification historique, ont travaillé pour réinstaurer l'oeuvre originale de Nietzsche. Car lire Nietzsche ne signifie gloser sur un système asséné à sa philosophie, mais : converser avec lui, en lisant ses écrits. Le respect des textes est la première condition de toute interprétation non-falsificatrice.



Les sourdes oreilles...



Actuellement, une certaine catégorie d'interprètes de Nietzsche tend à juger l'imposante quantité de fragments posthumes rassemblés par Colli et Montinari comme obsolète car (appréciez le raisonnement...) trop imposante : les deux italiens n'ayant pas choisi seulement leurs maximes préférées, certains ont peur de s'y noyer 21. Cette attitude pourrait être parfaitement légitime (ce genre de documents n'a de réel intérêt que dans des recherches pointues), si les auteurs concernés basaient leurs interprétations sur les livres de Nietzsche ; mais ils préfèrent utiliser un petit livre où les "fragments" sont déjà classifiés, ordonnés de manière systématique ; bref, bien moins compliqué à utiliser et à comprendre. Ces interprètes préfèrent lui imaginer un système totalisant plutôt que d'écouter Nietzsche - lui qui, dans son Crépuscule des idoles, se déclarait entièrement éloigné de ces pratiques : « Je me méfie de tous faiseurs de systèmes, et m'écarte de leur chemin. L'esprit de système est un manque de probité » ("Maximes et traits", §26). Bref, ils utilisent un livre inventé pour nourrir des moutons idéologues et ils philosophent en conséquence.
Et cette attitude risque de durer encore longtemps ; car aujourd'hui encore, certains éditeurs n'hésitent pas à ressortir les vieux grimoires : La Volonté de puissance, c'est connu, ça se vend bien...
C'est ainsi qu'en Allemagne, les éditions Kröner continuent inlassablement de publier le texte (dans son édition de 1906), préfacé par Alfred Bäumler, célèbre nazi responsable de l'annexion de Nietzsche à l'idéologie du troisième Reich 22. En France, la maison d'édition « Livre de poche » nous a gratifié en 1991 de la première version de La Volonté de puissance (1901), préfacée par Elisabeth. Les éditions du Trident ont à leur tour publié ce texte (en 2000).
Mais le plus consternant reste sans doute la décision des éditions Gallimard, qui ne peuvent qu'être au courant de l'illégitimité d'un tel livre - ce sont eux-mêmes qui publient l'édition Colli-Montinari - et ont tout de même décidé de le publier dans leur collection tel en 1995. Dans l'avertissement de l'éditeur, il n'est nullement fait mention des tares de La Volonté de puissance, et l'on fait croire au lecteur qu'il se trouve face à une oeuvre de "Nietzsche" - en deux volumes, contenant 2387 (!) aphorismes. Il s'agit de la version (publiée en 1935) de Friedrich Würzbach, qui d'ailleurs s'exprime dans une postface nous offrant un excellent exemple des explications mystiques 23 que n'hésitaient pas à proclamer certains spécialistes nietzschéeux de l'époque : « Comme le Christ priait que le calice fut écarté de lui, Nietzsche a constamment fui l'achèvement de sa dernière oeuvre, de la Volonté de puissance, car il pressentait qu'après avoir exprimé ses pensées ultimes, il s'effondrerait. » (VII). Surtout si ce sont d'autres qui le font à sa place.

 

 

 


Nietzsche avait des difficultés à se faire publier, il y mettait parfois de sa poche...
A Spitteler, dans une lettre du 25 Juillet 1888, il confiait :

Mes propres expériences avec des éditeurs sont, soit dit en passant, cent fois plus mauvaises que les vôtres. Il y a là des choses que l'on ne peut même pas écrire. - Mais je suis en guerre : je comprends que l'on soit en guerre avec moi.

Et ce n'est pas fini.

 

 

 

 



Les images de cette page (excepté celle de Colli) viennent du site Nietzsche en Castellano.



Notes :


1)
Cf. les différents plans et fragments rassemblés par Nietzsche, publiés dans Oeuvres philosophiques complètes, fragments posthumes XIII : automne 1887 - mars 1888 (édition Colli-Montinari). Le plan des 374 fragments destinés à la Volonté de puissance est classé FP 12 [1]. Nietzsche fait déjà mention de ce projet dans sa Généalogie de la morale (« que signifient les idéaux ascétiques ? », § 27).
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2)
FP 18 [17], in Oeuvres philosophiques complètes, fragments posthumes XIV : début 1888 - début janvier 1889 (édition Colli-Montinari).
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3)
Le 30 septembre 1888, Nietzsche a achevé la rédaction de L'Antéchrist ; il l'annonce dans des lettres à ses amis : « J'ai terminé le premier livre de mon Inversion de toutes les valeurs » (le 4 cotobre, à Malwida von Meysenbug) ; « Le premier livre de l'Inversion de toutes les valeurs est terminé, bon pour l'impression » (le 18 octobre, à Franz Overbeck). Voir aussi la première page de titre (la plus ancienne) de la copie envoyée à l'imprimeur où il est écrit en sous-titre : « Premier livre / de l'inversion de toutes les valeurs » (in Oeuvres philosophiques complètes, VIII, "notes et variantes de l'Antéchrist").

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4)
« - Mon "Inversion de toutes les valeurs", dont le titre principal est l'Antéchrist, est terminée. » (le 20 novembre 1888, lettre à Georg Brandes)

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5)
Cf. la deuxième page de titre (la nouvelle) de la copie envoyée à l'imprimeur où il est écrit en sous-titre : « Inversion de toutes les valeurs »
- cette mention a finalement été biffée par Nietzsche (in Oeuvres philosophiques complètes, VIII, "notes et variantes de l'Antéchrist")
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6)
Octobre 1882, lettre à Overbeck. Citée in E. F. Podach, L'effondrement de Nietzsche, "Expériences amères", p 47-48 (Gallimard, 1931).
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7)
« Comment pouvons-nous tous deux être parents, c'est un problème sur lequel j'ai longuement réfléchi. »
Cette déclaration, parmi d'autres, fut puisée dans les documents non publiés de Kögel, qui a dirigé les Nietzsche-Archiv, par J. Hoffmiller (qui les publia dans Nietzsche und seine Schwester, süddeutsche Monatschefte, 6, 2, München 1909). Cité in E. F. Podach, L'effondrement de Nietzsche, "Expériences amères", p 57 (Gallimard, 1931).
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8)
Cf. à ce sujet E. F. Podach, L'effondrement de Nietzsche, "Expériences amères" (Gallimard, 1931).

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9)
Cette déclaration, parmi d'autres, fut puisée dans les documents non-publiés de Kögel, qui a dirigé les Nietzsche-Archiv, par J. Hoffmiller (qui les publia dans Nietzsche und seine Schwester, süddeutsche Monatschefte, 6, 2, München 1909). Cité dans E. F. Podach, L'effondrement de Nietzsche, "Expériences amères", p 57 (Gallimard, 1931).
Que la biographie officielle de l'époque (Das Leben Friedrich Nietzsches) soit l'oeuvre de Elisabeth Förster-Nietzsche, n'est probablement pas étranger aux raisons de cette mise au placard.
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10)
Karl Schlechta, Le cas Nietzsche,"Légende et réalité" (Gallimard, 1960).
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11)
Cf. Elisabeth Förster-Nietzsche, "préface", in Friedrich Nietzsche [hum!], La volonté de puissance (Le livre de Poche, 1991).
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12)
Cf. FP 12 [1] qui donne l'ordination des 374 fragments destinés à La volonté de puissance. Le plan du 26 août 1888 est classé FP 18 [17].
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13)
Les aphorismes en questions ont été répertoriés dans une « table de concordance » à la fin de chaque volume concerné des Oeuvres philosophiques complètes (textes et variantes établis par Colli-Montinari). Un point d'exclamation entre parenthèses indique des lacunes, des inexactitudes ou des leçons erronées.
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14)
Il s'agit du FP 7[6]. Datation établie par Colli-Montinari.
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15)
Il s'agit de l'édition Otto Weiss (1911), très proche de la nouvelle édition publiée en 1906 par Peter Gast et Elisabeth Förster-Nietzsche. Elle comporte 1067 textes posthumes.
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16)
Cf. Paolo d'Iorio, "Nietzsche et l'éternel retour. Genèse et interprétation", in Nietzsche (Cahiers de L'Herne, 2000) : le §334 de La Volonté de puissance, fabriqué à partir de deux fragments posthumes de 1881, dénature complètement la signification de la pensée de l'éternel retour chez Nietzsche ; et ce pseudo-aphorisme entraîna Gilles Deleuze dans un malentendu fondamental sur la signification de l'éternel retour.
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17)
L'aphorisme correspondant - retranscrit sans erreur - est classé FP 2 [102] dans l'édition Colli-Montinari.
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18)
Les fragments 11 [236-282] sont nés de la lecture de Ma Religion de Tolstoï. Nous en retrouvons quelques uns, rangés dans La Volonté de puissance (édition 1901) aux § 393, 105, 106, 147, 164, 141, 131, 103, 129. Le fragment correspondant au §105 est classé 11 [239].
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19)
Il s'agit du livre Skizzen und Vorarbeiten (Ebauches et premiers travaux). Troisième cahier : Les survivances du paganisme arabe, Berlin, 1887, p218.
Le fragment correspondant est classé 11[287].
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20)
Cf. Paolo D'Iorio, "postface" §5, in Mazzino Montinari, « La volonté de puissance » n'existe pas (Eclat, 1996).
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21)

Citons - un exemple parmi bien d'autres - François Warin et Philippe Cardinali qui, dans leur commentaire de l'essai posthume de Nietzsche Vérité et mensonge au sens extra-moral (Babel, 1997), ironisent sur le travail de G. Colli et M. Montinari, affirmant que « seule une manière de jansénisme philologique » a pu inciter ceux-ci à éditer l'intégralité des notes posthumes du philosophe allemand. Cette remarque, au-delà de sa mesquinerie, cache une maladroite tentative de justification : en effet, une bonne (ou plutôt : majeure) partie de leur "interprétation" verbeuse, balançant entre un zeste de Lacan (incompréhensible) et une "réfutation" de Russell (qu'ils n'ont visiblement pas compris), s'appuie sur La volonté de puissance.
D'autres exemples de ce genre d'attitude sont fournis et analysés par Paolo D'Iorio dans sa "postface" (§5), in Mazzino Montinari, « La volonté de puissance » n'existe pas (Eclat, 1996).
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22)
Cf. Mazzino Montinari, "Interprétations nazies", in « La volonté de puissance » n'existe pas (Eclat, 1996).
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23)
« Explication mystique. - Les explications mystiques passent pour profondes : la vérité est qu'elles ne sont pas même superficielles. » (Le gai savoir, §126).
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© Etienne Morin